Hugo Distler (1908-1942)

August Hugo Distler était un organiste et compositeur allemand renommé, surtout célèbre pour sa contribution significative à la musique chorale sacrée et profane. Après avoir étudié le piano au conservatoire de Leipzig, il a suivi les conseils d’un professeur pour se spécialiser en composition et en orgue.

Distler a occupé le poste d’organiste et cantor à l’église Saint-Jacques à Lübeck de 1931 à 1937, où il a rencontré sa future épouse, Waltraut Thienhaus. Cependant, son refus catégorique de coopérer avec les nazis en raison de ses convictions chrétiennes a fait de lui un objecteur de conscience, le plaçant en danger de mort. De 1937 à 1940, il a enseigné la composition et l’orgue à la Musikhochschule de Stuttgart, puis à l’école de musique sacrée de Spandau à Berlin, tout en dirigeant le chœur et la maîtrise.

Profondément affecté par les menaces croissantes de mobilisation, l’isolement, la dépression due à la mort de ses amis au front et aux bombardements aériens, Distler a mis fin à sa vie le 1er novembre 1942 en s’asphyxiant au gaz. La veille de son suicide, il avait appris qu’un nouvel avis d’ajournement lui serait remis le lendemain, mais qu’un sixième ordre de mobilisation était imminent dès le 3 novembre.

Avant sa mort, Distler avait exprimé son unique confiance dans le Christ et le christianisme, citant un texte du poète romantique allemand Novalis. Sa tombe au cimetière de Stahnsdorf porte une croix avec une référence à l’Évangile de Saint Jean (16,33), soulignant son message de paix face aux épreuves du monde.

Hugo Diestler

L’œuvre de Diestler

L’œuvre de August Hugo Distler est caractérisée par sa polyphonie mélismatique, souvent affranchie des barres de mesure et partiellement basée sur une gamme pentatonique. Les nazis stigmatisèrent son style comme « art dégénéré ». Sa célèbre Totentanz, composée en novembre 1934 pour le Dimanche des Morts, est un exemple notable. Cette œuvre, empreinte d’intériorité, présente un chœur à 4 voix alternant avec des dialogues inspirés de la Danse macabre de Lübeck.

En dehors du contexte ecclésiastique, Distler rencontra du succès aux Journées musicales de Cassel en 1935. Les nazis tentèrent d’entraver son Histoire de Noël en décembre 1936, réprimant un rassemblement de chrétiens luthériens qui le soutenaient. Son point culminant public fut en 1939 à Graz, au Festival de Musique Chorale Allemande, avec le Mörike-Chorliederbuch, reconnu comme le plus important recueil de musique chorale profane allemande du XXe siècle.

Distler a également composé des cantates, des pièces pour orgue, de la musique de chambre et deux concertos pour clavecin, le second étant condamné par les nazis comme « musique bolchevique ». Son style, une réinvention personnelle de la musique de compositeurs polyphoniques allemands des XVIIe et XVIIIe siècles, a influencé de nombreux compositeurs, marquant l’histoire de la musique protestante et chorale en Allemagne. Après la guerre, son héritage stylistique a continué à inspirer des compositeurs ultérieurs.